Librairie de Rennes

Les Bretonnismes

Hervé Lossec

Skol Vreizh

  • Conseillé par
    25 mars 2011

    Hervé Lossec nous livre ici non pas que des expressions traduites du breton et utilisées couramment en français, mais aussi l’histoire d’une langue. Cette langue apprise par mes parents avant le français a bercé mon enfance et ma jeunesse. De la même génération de l’auteur, ils parlaient breton devant nous pour s’entretenir de sujets d’adultes. Mais le cerveau à force d’être chatouillé par ces sonorités, les a comprises. Et, au bout de quelques sannées, nous étions capables de comprendre une conversation. Les carottes étaient cuites pour mes parents...


    Quand nous nous disputions avec me sœurs, on nous disait d’arrêter de faire du reuz, qu’on était des tagnous ou des torr-penn. A l’école, on se moquait entre nous en faisant biz’ à la carrotte. On faisait attention de tomber (et je le fais toujours..), on n’était jamais fâché avec son voisin ou rarement…
    Sens être une bretonnante, j’emploie des bretonnismes couramment : prendre les ribines, hopopop. Et je crois que mon mari continuera toujours d'aller faire de l’essence. Que voulez-vous, on a ça dans nos gènes…
    La preuve, cours d’anglais entre les fififilles. "Comment tu traduis maman est fatiguée ? Tu dois le savoir, elle le dit souvent. Ah oui, et ne me réponds pas : Mum is skuizh ! "
    Sans honte mais avec fierté, je continuerai à utiliser des bretonnismes. Une façon pour moi de rendre aussi hommage et justice à mon père : pour chaque coup de règle reçu sur les doigts quand il parlait breton à l’école...
    Un livre drôle et très instructif !


  • Conseillé par
    14 décembre 2010

    Le bretonnisme est-il soluble dans l'eau sallée ?

    Encore un mot inventé de toute pièce penseront les tenants de la pensée unique et universelle surtout quand elle est parisienne !
    J'ai, il me semble, entendu les mots celticisme, anglicisme, franglicisme, scepticisme aussi je le reconnais bien volontiers, mais j'en passe et des plus farfelutissimes!!!!
    « D'abord qu'est-ce qu'un bretonnisme »
    « Bonne question, merci de me l'avoir posé » dirait un homme politique avec un air sérieux.
    Le dernier exemple littéraire que j'ai noté est le suivant, dans « Fleur de sable » de Nathalie de Broc.
    -A donner à manger au poisson que vous seriez.
    De la même auteur dans « La rivière oubliée »
    « Vous tremper toute entière dans la baignoire, qu'il faudrait! » rouspète Marguerite.
    Ou dans « Il est mort le fournil » de Jeanne-Marie Kernaonet :
    - Euz ar mor e teu arc'hant. (De la mer il vient de l'argent).
    Donc essayons de comprendre, ceux que cela n’intéresse pas peuvent quitter la classe!


    Pour les autres, le cours (car c'en est un) est ouvert.
    Avant toute chose un grand coup de chapeau à l'auteur pour cette phrase pêchée page 21 :
    « Il s'étonnait beaucoup de me voir citer la locution « Casser la soif » dans la liste des bretonnismes en me demandant de vérifier mes sources ».
    C'est limpide comme de l'eau de roche!
    Silence dans les rangs, le cours reprend, mais c'est sûrement là que réside le problème avec ce chiffre :
    en 1948 à Saint-Méen (Finistère) 8 enfants sur 10 ne connaissent que le breton alors qu'à six ans ils vont à l'école.
    En 1952 (soit 4 ans plus tard) il ne reste qu'un seul enfant sur 10 dans ce cas !
    Nous allons donc suivre Hervé Lossec quand il nous dit :
    Je propose de classer les bretonnismes en deux catégories : Le fond (erreur de sens) et la forme (erreur de construction-syntaxe et conjugaison).
    La conclusion que l'on pourrait tirer un peu trop rapidement est que les bretonnismes ne sont en réalité que des erreurs commises par des gens peu cultivés!
    J'ai, et c'est tant mieux, appris pleins de choses ; en Bretagne, le soleil ne se couche pas, il se cache!!!Les mauvaises langues et j'en connais, diront que couché ou caché, encore faudrait-il qu'il apparaisse !
    Quand le verbe être est là pour la beauté du verbe :
    Il était à parler breton tout le temps.
    Quelques exemples qui vaudront mieux qu'une longue dissertation :
    « Il est malade au lit » là c'est le prêtre qu'il faut appeler!
    « Jampi a pourtant été sur une de Plouider pendant 5 ans » ambiguë tout cela Madame....le pauvre cela l'a mis sens dessus dessous.
    Mon parapluie est venu avec moi, pourtant il ne pleut jamais en Bretagne, sauf sur les....
    Parfois, reconnaissons-le, cela complique la conversation :
    C'est François son nom, mais c'est Fanch qu'on fait de lui de par chez nous.
    L'emploi étrange du verbe être :
    Il est bu. Avec toute sa honte bien entendu.
    Étrange mélange (un peu inquiétant) de la gastronomie et de la médecine :
    Pouloud (boulettes de farine avec des raisins secs que l'on met annuellement dans la famille dans notre kig a fars) et une attaque pouloud, crise cardiaque due à des caillots de sang ! Réjouissons-nous, une attaque pouloudig, c'est beaucoup moins grave !
    J'ai retrouvé avec émotion un mot qu'employait souvent ma mère : Buzhug ( lombric, ver de terre), mais il me semble qu'elle se servait de cette expression pour les yeux.....à la lecture du livre, je me pose des questions sur ma mémoire, car celui-ci donne « pikouz ». Après consultation d'Hervé Lossec, docteur es-bretonnisme « J'ai la mémoire qui flanche »!
    Une des meilleures phrases est celle ci :
    Celle-là a été au lit 15 jours avec le docteur et il ne lui a rien fait !
    Une tournure à éviter avec un touriste anglais :
    Qu'est-ce qui ira avec toi Fanch (ou tout autre prénom)?
    Cette façon de saluer qui me rappelle un contrôleur de la SNCF hélas décédé :
    Comment que c'est ? (penaos eo ?).
    Un dernier pour la route (qui en plus semble me concerner!)
    -Il est arrivé vieux.
    A la trilogie « rouquin, bretonnant et gaucher », peut-être faut-il ajouter penn-kalet (tête dure! ) dit l'auteur de lui même.
    A tous pour conclure avant de terminer l'année :
    Yec'hed mat d'an holl, hemãn 'zo vont da goll.
    Bonne santé à tous, celui-ci (le contenu du verre) va à sa perte.
    Éditions : Skol Vreizh (2010).
    *N'oublions pas le sous titre :
    Le français tel qu'on le parle en Bretagne.