Librairie de Rennes

Vivre avec nos morts

Delphine Horvilleur

Grasset

  • Conseillé par
    20 mai 2021

    Mort

    Seule rabbin femme en France, Delphine HORVILLEUR est un être plein de sagesse que j’aime entendre parler dans les médias. Le titre de son dernier livre m’a interpellé.

    L’auteure nous parle de 11 personnes décédées, certaines connues (la psychanalyste Elsa Cayat morte dans l’attentat contre Charlie Hebdo) et d’autres anonymes.

    Chaque chapitre commence avec le prénom de la personne et une phrase qui s’éclaire lors de la lecture.

    C’est également l’occasion pour le rabbin de nous parler de son parcours et de sa vie, j’en ai découvert des bribes, même si ce n’est pas là le plus important.

    Une lecture pleine de prises de notes.

    Quelques citations :

    Le mot H’ayim est un pluriel, et dans cette langue (l’hébreu), il n’existe pas au singulier. L’hébreu dit que chacun de nous a plusieurs vies, non pas successives mais tressées les unes aux autres, comme des fils qui se croisent tout au long de l’existence et attendent le dénouement pour se distinguer.

    En cela, à sa manière, la laïcité est une transcendance. Elle affirme qu’il existe toujours en elle un territoire plus grand que ma croyance, qui peut accueillir celle d’un autre venu y respirer.

    Un sentiment de panique c’est quoi ? écrit-elle. C’est un sentiment d’abandon très puissant qui réactive quelque chose que l’on ne t’a pas dit sur TON histoire. Cette peur de mourir, c’est une envie de mourir, la peur d’être abandonné se traduisant par une envie de s’abandonner définitivement.

    Car les morts dans le deuil ont cessé de signifier. Ils ne servent souvent qu’à dire combien plus rien n’a de sens.

    La tradition juive veut qu’on laisse toujours une ptite fissure dans le mur, un pan de cloison non peint, ou un petit carrelage manquant dans un coin du sol. Il s’agit de laisser dans nos vies la trace de l’incomplétude, de savoir habiter un lieu où le manque a sa place. Reconnaître la trace que laisse ce qui n’est plus, et l’entendre nous dire : Souviens-toi de ceux qui ne sont plus là.


  • Conseillé par
    16 mai 2021

    Pour apprendre à vivre avec nos fantômes

    Delphine Horvilleur raconte dans Vivre avec nos morts son travail d’accompagnant sur le chemin de la mort. De la présentation d’inconnus, comme sa meilleure amie, en personnes célèbres comme Marceline et Simone, « Les filles de Birkenau », ou la psy de Charlie, et tant d ‘autres, la rabbin explique son travail auprès des vivants et donne aussi des clés de réflexion pour apprivoiser la mort.
    Nombreux sont les objets ou actions que je dédie à mes morts comme autant de cailloux pour soutenir la vie. Alors autant dire que ce titre m’est parfaitement connu ! Et pourtant, quelle provocation de sortir ce livre dans la période actuelle !
    Delphine Horvilleur écrit comme elle parle, de la langue des contes mais aussi avec des mots qui accompagnent, apaisent et écoutent. Avec son sens de la formule et ses contes bibliques imagés, l’auteure donne des clefs de compréhension de sa religion. Elle les implique aussi dans un quotidien laïc. Et ces histoires religieuses se transcrivent en philosophie pour expliquer la complexité du monde et les difficultés des hommes.
    L’humour est aussi terriblement présent dans ce texte, qui renvoie Dieu dans ses cordes et qui ose lui demander des comptes. Moi, la fille bercée aux histoires de catéchisme qui se revendique athée en rougit de plaisir ! Delphine Horvilleur se définit comme un rabbin laïc ! C’est jubilatoire !
    Les onze portraits dessinés par Delphine Horvilleur permettent de construire une réflexion philosophique autour de la mort, sur la peur qu’elle inspire et la consolation qu’il faut trouver pour surmonter la souffrance de l’absence. Alors, Vivre avec nos morts peut aider à faire la paix avec les fantômes !
    La suite ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/2021/05/16/delphine-horvilleur/