Librairie de Rennes

Pascale B.

Conseillé par
15 février 2024

Happy App

Le récit se déroule dans un futur proche, les citoyens y évoluent au sein d’une société dominée par une pléthore d’applications évaluatives, d’analyses de probabilités, de traques de followers et d’attributions de notes. Ils sont assistés par une Intelligence Artificielle qui leur donne l’illusion d’une vie confortable et sans danger.

Une compétition acharnée s’engage pour obtenir le meilleur score du bonheur, quitte à déjouer cet ordre parfait….

Ce roman visionnaire, aux chapitres « à chute », dont le rythme va crescendo, est d’une efficacité redoutable. Intelligemment conçu, il dépeint une société contrôlant la vie privée. Avec un soupçon de comédie, l’auteur retourne malicieusement la situation, transformant la botanique en une force maléfique.

Un plaisir de lecture.

« Plus les quartiers seront heureux, plus les oiseaux seront précieux et colorés »

« Au-delà d’une certaine puissance, les systèmes nerveux des volatiles ne répondent plus, ça les rend fous »

Conseillé par
10 janvier 2024

Conchigliettes

Le roman de Miriam Toews, rédigé sous la forme d’une lettre adressée au père absent de Swiv, plonge le lecteur dans l’intimité d’une famille dans laquelle l’amour brave et éclipse les défis de la vie. La grossesse de la mère (un peu décalée et déterminée dans ses convictions) agite la maisonnée avec ses humeurs changeantes tandis que la grand-mère pleine d’énergie ajoute une dimension comique à l’histoire même si Swiv redoute le moment inéluctable de sa mort.
Ainsi, la légèreté côtoie le tragique (illustré en autre par un tournage en Albanie catastrophique). La petite fille explore le passé en compagnie de son aïeule, prenant conscience que le combat des femmes est parfois nécessaire pour assurer leur survie.
L’auteur met l’accent sur la maturité de Swiv ; la solidarité de femmes hors du commun et leur périple en Californie, avec une écriture poétique, drôle et émouvante.

« Se parler fait partie du combat »
« Ce qui suit est dédié à grand-maman, qui aime les rires et la vitesse. Elle aime les récits rapides, pleins de péripéties et drôles, et c’est pareil pour la vie. Elle n’aime pas trimballer les épopées »

La trilogie de l'autre rive, troisième époque

Grasset

Conseillé par
3 janvier 2024

Un ange passe…

Troisième volet d’une trilogie fantastique pouvant être lu indépendamment des deux premiers tomes.

L’histoire contemporaine se déroule à Écorcheville-sur-Styx où trois puissantes dynasties (Les Propinquor, les Esterai et les Bussettin) se disputent le contrôle.

Alors que la haute société s’apprête à célébrer les 20 ans d'Angelina Farewell, les cieux menacent d’engloutir la cité en mêlant les eaux à celles du Styx.
Face à cette crue imminente, le commissaire Ivredeau est chargé d’établir un rapport sur cette crise. Celui-ci découvre la coexistence de créatures divines avec la population ainsi que d’étranges jeunes individus dissimulés par leurs parents.
Un avenir incertain pèse sur la population qui cohabite avec un monde mythologique parallèle peuplé de centaures et minotaures.

G. O. Châteaureynaud offre une galerie de personnages riche et nuancée, et aborde des thèmes essentiels tels que l’immigration, la persistance de l’esclavage, les conflits de toutes sortes, la foi chrétienne et le réchauffement climatique…

L’auteur entremêle deux univers fusionnant le monde des humains et celui de la mythologie, engendrant des créatures singulières.
Comment ce peuple survivra-t-il à la submersion ? l’épilogue promet-il un souffle d’espoir ?
Une lecture captivante pour les rêveurs et les simples mortels.

« Le Styx est un fleuve sombre, farouche, étranger à tout commerce comme à toute plaisance »

« La créature était pourtant faite pour inspirer l’horreur. Le corps d’un oiseau supportait une tête de femme, livide, échevelée, dont un rictus tordait la bouche entrouverte sur des dents aiguës. »

Destinée suédoise - Tome 1

1

HarperCollins

Conseillé par
29 décembre 2023

Héroïne malgré elle

D’une plume contemporaine, Katarina Widholm dépeint l’histoire de Betty en 1937, alors qu’à l’âge de 17 ans, elle devient femme de chambre chez un médecin à Stockholm. Son innocence est mise à l’épreuve par les tâches ardues et la condescendance sarcastique de sa patronne. Betty subit sans révolte, elle découvre également les facettes de la vie, de l’amitié, de l’amour et de l’espoir.
Le parcours singulier pour cette jeune femme avide d’apprendre est confronté aux conditions de travail, aux injustices, aux aléas imprévisibles sur le plan personnel ainsi qu’à l’impact déstabilisant de la guerre mondiale ; si jeune et seule à devoir faire des choix.

Malgré quelques passages languissants, l’intérêt de la narration réside dans ses rebondissements ; ce premier volet incite le lecteur à découvrir la continuité de cette jeune femme.

« ….Elle comprenait que maintenant ce qu’impliquait la vie d’épouse d’un homme comme lui. Que le sentiment de perte, qu’elle avait cru pouvoir partager avec son mari, ne prenait pas chez lui la même forme que chez elle »

Conseillé par
29 décembre 2023

Ce fouet qui me raille…

1939 Mississippi / 1950 Corée du Sud / Ghana… et leurs guerres…..

Trois générations véhiculant leurs blessures, leurs solutions et les conséquences de la discrimination raciale au quotidien et pour des années…. Le récit de la souffrance générationnelle du peuple noir américain, la pauvreté côtoyant la violence reproduite.
Le roman explore les expériences humaines, évoquant les sacrifices pour la liberté et le respect au cœur des tragédies liées à l’esclavage. La véritable liberté peut-elle triompher d’un monde accablé par la tristesse ?
L’écriture captivante, riche en images et occupée par les esprits, éveille l’émotion chez le lecteur dans ce périple spirituel de l’auteure qui propose un dénouement poétique comme pour en amoindrir le mal de la douleur.

« Elle comprenait ses mains larges comme des feuilles de palmier. Elle comprenait qu’il s’efforçait de la protéger du mal en réduisant au silence ses mains par le labeur manuel et la pêche ».

« Un chœur d’esprits que j’avais déçus par tous ces rituels qui m’avaient enchaînée aux côtés des obligations des vivants… »

« Il libère la parole depuis trop longtemps enfouie dans le cachot de nos gorges »